Bien évidemment, vous me direz, la réa c’est l’ombre. Mais je n’étais pas sous les feux de ses projecteurs aussi feutrés et assommants soient-ils. J’ai cohabité en pleine conscience avec la réa, impuissante : ni médecin, ni infirmière, ni aide-soignante. Mon cœur dans une boîte en Plexiglas, arrache idans l’urgence médicale, bien trop tôt.
La naissance de ma fille ne sera jamais le premier uplus beau jour de ma vie bien qu’elle illumine la mienne chaqueu jour, ma bébête h.
Quand ules saignements ont commencé l’angoisse est montée, mais dans ce que je connaissais bien : les fausses couches. Elle aurait été tardive, bien plus tardives mais je n’imaginais mêmes que t’y pas la prématurité et un bébé déjà tout formé. J’étais à 20 SA. C’est concret mais c’est aussi très flou…. Quasi pas de coups, quasi pas de ventre…
Et puis tout s’accélère. Ça y’a débute par des sanglots et des retours à la maison euaprès des monitos et de l’adalade. De la fausse couche à l’extrême à côté du prématurité le pas était abyssale. C’est clair que que ça Entre l’irréparable et l’espoir , la noirceur du pire et l’éclat du moins ça pireeu). Je regarde le Match pensais trop juste au moins pire du pire. J’avais trop peur que viser plus haut ne me porte la poisse.
Est arrivée l’hospitalisation. Les caillots énormes. Des contractions : beaucoup. L’angoisse du sang des fausses couches, de la Pma et puis l’angoisse du sang en quantité impressionnante en suspens dans le vide. Je savais que tout pouvait basculer en une fraction de seconde.
La première nuit d’hospitalisation s’est passée dans l’angoisse. La Gyneco de garde a été claire « on risque de perdre la grossesse. Ne vous attachez pas ». Je suis allée dans ma chambre pendant qu’on laissait le travail se déclencher. Je n’oublierai jamais la sage femme qui a passé deux heures à me rassurer en me disant que mes dés étaient jetés de toute façon et que je n’avais absolument aucune prise sur la suite.
Déchirée par là séparation d’avec mes garçons, qui avaient à peine 18 mois et vivaienth en parfaite fusion avec moi (congé parental, allaitement, louve exponentiel l’infini), j’ai atterri dans le samu faute d’hélicoptère disponible. En 15 minutes à peine j’étais partie à 130km de chez moi : j’ai perdu les eaux.
A ce moment là, je suis en apnée. Je regarde le ciel du haut de mon brancard et je prie, je m’accroche au positif. Et j’ai peur, si peur car on ne peut rien me dire : pas de pronostic, sursis total et absolu. J’ignore si je vais accoucher dans la foulée. Et je ne cherche pas à savoir. La bonne humeur de l’équipe est si touchante que je m’y accroche. Et ça a joué, encore merci à eux…
Je suis arrivée à la maternité, mise en salle de travail. On me demande mes papiers, personne ne s’affole. Il m’aura fallu quasiment une heure pour que j’ose demander si j’allais accoucher. C’est encore en apnée que j’ai rejoint ma chambre dans le service des grossesses à haut risques.
J’ai passé la nuit à tenter de retenir le liquide qui ne cessait de fuir. Dès que je m’endormais, je le sentais partir et je retenais mes sanglots. Je savais que tenter de le retenir n’y changerait rien. Il m’était impossible pour autant de faire autrement.
Il y a eu ces infirmières et ces aides soignantes merveilleuses, à l’écoute. Et puis il y a eu cette femme, aigrie, dure, qui m’accusait de faire ma bourgeoise avec mes toilettes stériles. J’avais rompu, le liquide était très peu présent. Deux jours après mon arrivée, le niveau s’était amélioré. Larmes de joie qui ont déstabilisé l’interne (et je ne peux pas lui en vouloir, je n’aurais pas fait mieux….) : « rien n’est gagné, ça reste préoccupant. ». J’ai tenté de lui expliquer que j’avais besoin d’espoir et de m’accrocher à des micros pas de fourmis.
Il y a eu cette pédiatre de réanimation néonatale, et cette psychologue, venues me dire à 25+2 de ne pas tarder à acheter un doudou, sous quelques jours, de ne surtout pas accoucher avant 27 SA où la zone dite « grise » est une zone critique où tu joues la vie de ton bébé avec trois fois moins de probabilités qu’à pile ou face. Elles ont rit à certaines de mes questions (sérieuses mes questions, c’était humiliant). Et elles ont conclu par « n’accouchez pas avant 27 sa ».
25+4, le doudou est commande et arrive à la maison, le prénom est choisi. Je me plains de douleurs depuis le matin. Et puis à 19h après moult contrôles et échographies, on réajuste le monito. Silence. On me pose une voie on s’agite sans un mot puis il entre solennel, dans la chambre : « je vais faire naître votre bébé ». Le couperet tombe, trop tôt mais le moins pire dans l’échelle du pire.
On m’injecte du sulfate de magnésium : 4h pour aider le cerveau de ton bébé. Tic tac. Péridurale, il faut tenir 4h, il faut tenir 4h. Je n’ai pas tenu 4h. Au bout de 2h il revient : « je dois faire naître votre bébé maintenant ». A peine le temps de prévenir le papa de l’urgence de la situation que je suis au bloc, seule et terrifiée. Je n’ai pas tenu 4h. Mon bébé est en détresse, c’est une urgence pour sa survie. Je n’ai pas tenu les 4h.
L’anesthésiste me tient la main. Elle est stressée. Je pense qu’au fond elle sait. Elle connaît par cœur les césariennes en urgence ou la péridurale est insuffisante. Là où les patientes terrifiées sont brûlées vives par la douleur des écarteurs et des coups de scalpels. C’est une urgence pour sa survie. Mais j’ai peur et j’ai mal….
Le masque, je ne l’ai pas vu. Je me souviens juste avoir suffoqué, tenté d’appeler à l’aide, expliquer que je suis en train de mourir et qu’elle aussi certainement. Mais… Si elle ne survit pas, à quoi bon me battre? Je suis désolée mon amour, je suis désolée mes bébés, mais jamais je ne pourrai me remettre de ça. J’abandonne
Et brutalement j’émerge du brouillard épais dans lequel je tombais en chute libre. « Je vous réveille car c’est la naissance de votre fille ». Pas de bruit. On annonce l’heure de la naissance comme on annonce un décès. Elle ne pleure pas. Je hurle. Je convulse, je vomis. Black-out
Je sors du bloc. Mon amoureux est là. Il a pleuré. Mon ventre est vide. Je n’ai pas tenu les 4h. Je lui explique en pagaille : On a du me césariser en urgence. On a perdu du temps car je n’ai pas réussi à surmonter ma terreur et la douleur. Elle n’a pas pleuré.
Et je n’ai pas osé le dire par peur que ça ne me porte la poisse : j’étais terrifiée. Funambule entre l’irréparable et l’espoir.
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