(IM)SI c’était vrai?

Cela fait un moment que je n’ai pas posté. Je pense, rétrospectivement, que c’est la peur qui m’en a empêché. Peur d’avoir la confirmation d’une stérilité secondaire irréversible, peur de sombrer à nouveau dans la dépression, peur d’y croire à nouveau, peur de m’effondrer… Ecrire, parler, chez moi ça rend les choses réelles. C’est idiot, car que je les nomme ou non elles sont là, rangées dans la valise que je traine depuis 5 ans maintenant. Mais ça m’allait bien comme ça et j’ai convenu avec moi même (et l’homme évidemment) que je faisais de mon mieux.

J’ai failli tout abandonner. L’annonce de la grossesse de ma belle soeur, une confrontation assez violente avec ma mère le week-end qui a suivi,  puis l’appel de Poissy mardi de la semaine dernière me demandant d’être sur place le surlendemain… Je n’étais pas prête, psychologiquement, professionnellement, émotionnellement. J’avais alors peur de m’acharner, peur de m’enfoncer un peu plus dans mon deuil, de le rendre plus lourd, si près de notre second rendez-vous avec les assistantes sociales. De rage, de colère, j’ai pris mes seringues, et j’ai réussi à faire l’injection d’orgalutran que j’avais raté la veille (vous me croyez si je vous dit que l’aiguille a rebondi contre mon ventre???) en maudissant DNLP. J’ai littéralement craqué et ça m’a fait un bien fou. C’est plus légère que nous sommes partis sur Paris avec l’homme le 15 octobre dernier.

Le 16 au petit matin, nous découvrons les joies du public : ses étiquettes, le monde, les files d’attentes où tu prends un numéro comme chez le poissonnier à Carrouf… Ravie de montrer mon intérieur à une nouvelle personne, j’arrive finalement dans une pièce sans fenêtre (5 min d’attente en revanche, on ne peut pas tout avoir) avec un gynéco muet et un jeune stagiaire qui est resté rivé sur mon intérieur : grand moment de solitude. Le gynéco muet me dit juste qu’on va déclencher samedi à 20h30 (merde on avait théâtre) et nous dit au revoir, basta. Heureusement que ça n’était pas ma première FIV… Pour me rassurer, j’ai rappelé le secrétariat qui m’a confirmé qu’il me manquait des ordonnances et que surtout, SURTOUT, l’ovitrelle c’est à 21h30 et non 20h30. Bref, bref, bref…

J’arrive à attraper ma seconde gastro en 15 jours, bien amplifiée par l’injection d’ovitrelle. A peine remise le dimanche soir, c’est avec un début de bronchite que je me rends à Poissy-la-cours-des-miracles lundi matin pour ma première ponction sous anesthésie locale et j’avoue, je ne faisais pas la fière… Après avoir été accueillie par une infirmière adorable, j’arrive dans le fameux bloc décrit par une PMETTE de Poissy (super description C!!!) : des posters d’hommes nus sur les murs, dont un scotché au plafond, et des petites étoiles phosphorescentes collées sur la « lumière du bloc » (savez comment ça s’appelle ce truc vous?). C’est une ponction girl power, je ne suis entourée que de femmes avec des mecs à poil partout : la gynéco, l’infirmière et la biologiste derrière son passe plat. La ponction de l’ovaire gauche se passe à merveille, j’en pleure de joie : j’assiste, émerveillée, à l’aspiration de mes ovocytes sur l’écran. A chaque fois que la biologiste reçoit un tube, elle m’encourage et crie le nombre d’ovocyte ponctionnés :

– « 2!!!!! 4!!!!!!! Géniaaaaaaaaaal! »

J’avais l’impression d’être avec une coach, un super moment vraiment. Et puis….Arrive l’ovaire droit, certainement enclavé du fait de ma salpingite et des adhérences… C’était l’horreur. J’ai étouffé mes cris au travers de mes larmes en m’excusant de ne pas pouvoir prendre plus sur moi. « 3,2,1 se détendre » me disait mon CD de Natal Hypnotherapy. J’ai finalement fini en hyper ventilation, mais nous y sommes arrivées. Quand la gynéco m’a félicité pour mon courage j’ai fondu en larmes : c’était fini. FINI, enfin! La coach/biologiste/quiavaitbutropdecafé me fit super fièrement qu’elle a récupéré 13 ovocytes. C’est moins que les fois précédentes avec plus d’UI en stim. Je souris car je me dis que la qualité sera obligatoirement au RDV…

Je rejoins l’homme dans la petite pièce de repos (30 min et hop tu repars, c’est pas merveilleux?!) et là il m’annonce gêné que son recueil a été catastrophique. Que le biologiste a parlé d’asthenospermie, de tératospermie, d’azoospermie. 1ml à peine… Je fonds en larmes. Je réalise juste maintenant que les spermatozoïdes de l’homme ont fait leur coming out ce jour là… Nous nous sommes consolés avec un bon restaurant japonais et l’exposition des dessins du studios Ghibli… Un super moment.

La vie a continué son cours jusqu’à ce matin. Je n’ai ni été foncièrement pessimiste, ni foncièrement optimiste, mais ancrée dans la réalité : les dés étaient jetés quoi que j’en dise et j’ai choisi le détachement, l’attente, le silence. Et le maxiloose et la liso « pain » puisque ma bronchite s’est transformée pendant ce temps là en laryngite carabinée sur un fond d’angine, faisant de ma voix une belle imitation de Jeanne Moreau. Ce matin, je savais que mon téléphone allait sonner vers 8h30, j’ai continué a dévorer « Juste avant le bonheur’ conseillé par Zelda et je me suis préparée en évitant soigneusement le mascara : lors de la FIV 2 le waterproof n’avait pas tenu ses promesses, ravagé par mes larmes Et alors que justement je repose le tube dans ma trousse de toilette, le téléphone sonne : la biologiste nous dit d’arriver très vite, le plus vite possible.

Rappel de la FIV 1 : hyperstim à 100ui de purgeon, 15 ovocytes ponctionnés, 13 micro injectés en ICSI, 13 embryons obtenus, seuls deux transférables, le reste poubelle. Grossesse biochimique.

Rappel de la FIV 2 : hypertstim à 100 ui de puregon, 18 ovocytes ponctionnés, 16 micro injectés en ICSI, 16 embryons, trois transférés dont un grade III fragmenté, le reste poubelle, grossesse biochimique qui se termine au final en FC.

La biologiste, une fois arrivés, nous annonce que la biopsie de mes globules polaires n’a pas été réalisée : panne de laser, si elle biopsait, elle perdait les ovocytes. Elle a donc privilégié la fécondation en IMSI. Et le résultat est hallucinant…  4 grade I, , 4 grades II, 1 grade III  et 2 grades IV… On a alors décidé d’en transférer deux, les plus beaux, de vitrifier un grade I et un beau grade II puis de pousser le reste en culture prolongée. Nous sommes dans la quatrième dimension, on plane, on n’en revient toujours pas…

W himself réalise le transfert, s’excuse platement pour la panne de laser et rajoute une énième couche à mon bonheur : ils sont magnifiques vos embryons Mme Carotte, et dites donc, quelle classe dans votre habit de schtroumpfette (véridique!!!).

C’est donc heureux, gorgés d’un espoir dont on osait plus rêver que nous avons regagné notre petite campagne ensoleillée et notre petite boule de soie en manque de caresses. Mon mémoire est parti à l’impression, je me sens libre et j’y crois. Vraiment. Même si rien n’est gagné, aujourd’hui nous avons gagné pour la première fois un bataille contre DNLP. Boréal, mais c’est génial!!!

Je conclurai cet article par cette phrase découverte dans juste avant le bonheur (merci Zelda) :

" Ne baisse pas les bras, tu risquerais de le   faire deux secondes avant le miracle" ❤